Symphonia

Symphonie de fausses notes, d'erreurs, de mots improbables.

Dimanche 12 octobre 2014 à 21:50

Ce soir elle fête la fin de son calvaire, l’arrivée d’une nouvelle vie et de nouvelles promesses qui seront toutes plus ou moins les mêmes c'est-à-dire décevantes. Mais elle vit d’espoir alors elle s’accroche à ce qu’elle peut. Les garçons sont eux aussi un peu tous les mêmes de toute façon. Elle s’approche, lui décoche un pseudo sourire charmeur. Il tombe dans le panneau. Enfin, il tombe plutôt dans la profondeur de son décolleté - tous plus ou moins les mêmes j’ai dit – et lui offre un autre sourire aussi raté que le sien. Mais ça marche. L’alcool rapproche et fait tomber les barrières. La solitude aussi. On remarque beaucoup moins les défauts quand on est désespéré. Alors on fonce et on se dit qu’on s’en fiche alors que l’on s’en fiche pas du tout. Elle vit d’espoir et ça la tue petit à petit. Plus elle essaie, plus elle se ramasse, plus elle se ramasse, plus elle peine à se relever. Dans la logique, il y aura bien un jour où elle ne se relèvera pas. Ce jour là est bientôt arrivé pour elle. Elle n’y pense pas là. Elle pense juste à ses yeux bleus qu'elle essaye de retrouver à travers un autre, et à ses lèvres qui formaient un demi-sourire. Elle ferme les yeux pour avoir l’impression que c’est moins réel, que ce n’est qu’un rêve, que demain elle se réveillera dans son lit et pas dans le lit d’un étranger, qu’elle aura encore un peu d’espoir en elle, qu'il sera de nouveau là.

Dimanche 12 octobre 2014 à 21:50

Une histoire différente, avec quelqu'un de différent.

Un jour on est heureux, le lendemain tout bascule.

Un visage différent, qu'on a cru oublié, effacé, mais qu'on reconnaît quand il réapparaît. Un visage différent, blessé, atrophié, qui a perdu de ce qu'il avait autrefois. Et on le pleure, et on essaie de le cacher sous un masque. Pour ne pas voir ce qu'on est devenu. Pour ne pas prendre conscience qu'en perdant ce visage, on a tout perdu avec.

Un fantôme avec les souvenirs d'un passé qui n'existe plus et qu'il tente de réanimer. Mais fantôme, tu ne peux revivre. Alors il faut tout refaire.

Une fleur fanée et des souvenirs qui partent en fumée. Un jour, les récupérera-t-il ? Un jour pourra-t-il récupérer ce qu'il avait de plus cher ?

Et c'est dans un miroir qu'il se revoit. C'est dans son miroir qu'elle le revoit. Son image lui fait face, comme si elle le rencontrait pour la première fois. Et elle se souvient. Comme une deuxième première fois.

Il tend la main. Elle ne la refuse pas. Pourquoi laisser passer une deuxième chance ?

« Laisse moi te regarder, laisse moi guérir. »  Encore faudrait-il qu'il se guérisse lui-même.

Et les rôles s'inversent. C'est elle qui part.

Un manteau rouge sang, un masque noir. Il n'arrive pas à rester debout. Comment avoir pu laisser passé cette deuxième chance ?

Reprendre la route, le chemin qui le mènera jusqu'à elle.

Une fleur peut se faner. Mais il ne compte pas la laisser mourir cette fois-ci.

Et alors il lui faut passer dans le monde des vivants. Changer de monde pour le revoir. C'est le prix à payer. Et il n'hésitera pas. Cette fois il la gardera avec lui. Seulement comment y retourner ? Seulement fantôme tu n'es qu'un fantôme. L'aurais-tu déjà oublié ?

Et il part. Reviendra-t-il avec celle qu'il cherche ?

C'est elle qui vient vers lui.

Belle dans ses draps blancs, et son voile lui couvrant son visage. Il l'attend dans ses eaux troubles et glacées où elle le rejoindra et où ils commenceront et finiront, enlacés, leur histoire.


Dimanche 12 octobre 2014 à 21:49

Ce jour-là elle était là, parmi les autres. Les gens, les passants, ceux qui s’en foutent, ceux qui sont égoïstes, trop stressés, inquiets ou meurtris quelque part mais qui le cachent. Elle était semblable aux autres. Mais on se ressemble tous un peu pas vrai ? Elle était là mais n’avait rien à faire là. Ceux qui s’assoient sur un banc n’ont-ils donc rien d’autre à faire, avait-elle pensé un jour. Ce jour-là c’était différent. A vrai dire, tout était différent. Oui, même elle.

Des drames se jouent tous les jours. Il y a des petits drames, les drames quotidiens, qui paraissent si dramatiques justement alors que ce n’est pas franchement le cas. Après un moment de réflexion on se dit qu’il y a pire que soi, et puis on se remet en selle, parce que la vie continue. Et puis il y a les drames qui sont réellement dramatiques. On peut perdre toute sorte de chose. Le drame vient justement de la nature de ce que l’on perd. On perd ses clés, on perd un ami qui n’en était pas un, sa maison, ses biens matériels, sa femme, ses enfants, jusqu’à sa dignité. Il y en a même qui perdent la vie.

Ce jour-là, elle était là, assise sur son banc. Dans sa tête, elle a appuyé sur le bouton stop et a réfléchi. Elle réfléchissait à ce qu’elle avait encore. Mais elle ne trouvait rien. Elle avait beau chercher, il semblait n’y avoir aucune réponse. Et pourtant. La vie. Elle avait une vie. Elle l’avait. Quand on a l’occasion, choisir ce que l’on va en faire pendant le temps qui nous est imparti. Mais quand on perd l’espoir en même temps que le reste, la vie, qu’est-ce qu’on en a à faire ? 

" Y a pas de vie ordinaire. Y a juste la vie. Et faut faire avec."


Dimanche 12 octobre 2014 à 21:49

Son coeur éclate. En silence. Ses larmes restent tapies dans l'ombre, là où personne ne peut les voir. Son masque de tous les jours se décompose et se brise dans l'obscurité de la nuit. Son cors a froid même lorsqu'elle se glisse dans son lit, dans ses draps, sous cette couverture qui est sensée lui tenir chaud et la protéger du froid. Mais elle ne peut pas protéger contre ce froid là. Parce que ce froid est intérieur et que rien ne peut l'arrêter une fois qu'il a commencé à prendre possession d'elle.
Son coeur a éclaté. En silence. Elle a encore plus froid. Sa dernière source de chaleur s'est tarie. Et dans le noir elle abandonne derrière elle la dernière trace de son humanité.



"Je suis l'Alaska.
Je suis là où les hommes ne vont pas, là où tout est dépeuplé et isolé du monde, là où la vie n'a pas sa place.
Je suis la banquise si dure qu'elle résiste au pas des ours.
Je suis le froid polaire qui coupe le souffle à celui qui le respire.
Je suis la neige éternelle.
Je suis les glaciers, immenses et hors de portée.
Je suis toutes les étoiles. Si loin et si tristes. Qui se consument peu à peu et qui un jour finiront par disparaître.
Je suis vivante et morte à la fois."


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Dimanche 28 septembre 2014 à 20:34

Deux jours qu'elle attend. En vain. Mais elle s'accroche. Elle retient son souffle à chaque vibration de son téléphone. Elle se jette dessus comme une mort de faim, comme si c'était la seule chose qui importait.

Et à chaque déception, elle s'éteint petit à petit. Son coeur manque un battement, mais finit par repartir. L'espoir aussi. Il diminue mais il est malgré tout bien accroché lui aussi.
Et à chaque déception, elle se traite d'idiote et se demande comment elle peut encore croire à tout ce mensonge.
Et à chaque déception, elle se dit que c'est la dernière fois. Jusqu'à la prochaine. Comme une alcoolique qui se décide à boire son dernier verre. Comme une droguée qui veut arrêter la coke.

Elle espère une fin. N'importe laquelle. Mais juste une fin. S'effondrer pour pouvoir tourner la page.




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